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Qu'importe les mots pourvu qu'on ait l'ivresse

PARIS - LOMÉ 2009
L'aéroport de CDG est le meilleur aéroport du ........ quart monde. Je le sais, les Passager français le savent et notre gouvernement aussi. Accès depuis les transports en communs régis par la mafia des taxis qui ont interdit l'implantation d'une gare RER dans l'aéroport, accès par voie routière à une seule voie comme pour se rendre à la gare de Chalette sur loing, signalétiques ubuesques, défaut d'organisation dans les flux, sous effectif à tous les niveaux qui vont de la police de l'air et des frontières ou des services aux handicapés dont la société ADP se fout royalement, des personnels d'enregistrement et de service. Bref, un aéroport qui quand il fonctionne normalement est à emprunter uniquement si vous n'avez pas d'autre choix!?

Et aujourd'hui, je suis dans un A340 et je vais décoller pour Lomé, capitale du Togo. Sur cette destination, des Passagers locaux africains côtoient les nombreux occidentaux, libanais et asiatiques.

Je remarque dans la passerelle un occidental plus grand que les autres. Le teint hâlé, sa tête dépasse du flot des embarquants. Lorsqu'il arrive à la porte, il s'avance et nous souhaite un bonjour avec une voix de ténor et un fort accent italien. Il est vêtu d'un jean blanc et une chemise en lin blanche ouverte d'où je peux distinguer un torse poivre et sel. On aurait dit un crooneur italien ou un magnat génois. Les hôtesses le remarquent également, car il est vraiment bel homme.

Notre embarquement se termine et le commandant de bord annonce un retard dû aux nombreux vols en phase d'atterrissage. Nous sommes en été et la saison touristique bat son son plein. Mon "ténor", qui est installé en Business vient dans l'office et demande dans un français parfait, si il peut avoir une bière fraîche, bière qu'il attend depuis son départ de Rome. Il nous explique qu'il a depuis ce matin, subi retards sur retards dans son périple et qu'il est vraiment heureux d'être enfin avec nous, d'avoir quitté ce "bordel italien" avec son accent si charmant.

Il a très soif et il englouti sa bière, tout en discutant avec une de mes collègue fort jolie, il lui demande si il peut reprendre une autre bière. Évidement le client est roi et comme, elle et lui semblent s'entendre, la discussion continue sur le comptoir de l'office, l'italien une bière à la main, elle roulant des yeux. J'observe la scène de ma porte d'embarquement qui est restée ouverte pour rester en contact avec l'escale.

Le temps s'éternise et finalement, le Commandant de Bord annonce que nous avons l'autorisation de la tour de contrôle pour quitter le point de parking. Cela nous fera au moins 45 minutes de retard et je n'ai observé aucune remontée négative de ma clientèle. Il faut dire que sur ces vols, le client africain est plein de philosophie. Nous les blancs, nous avons la montre, alors que eux, ils ont le temps.

-"PNC aux portes. Armement des toboggans. Vérifiez la porte opposée"

Au moment où l'avion est prêt à reculer, au moment où l'on sent le véhicule repousser de toutes ses forces ce monstre d'aluminium de plusieurs dizaine de tonnes, l'avion s'arrête brusquement!
Le Commandant de bord, nous annonce alors qu'un appareil d'une compagnie étrangère, venait de tomber en panne juste derrière nous, nous bloquant toute possibilité de reculer..... Et à ce moment là, que le Passager soit africain ou martien, devant cette malchance, il commence à perdre patience. Et c'est le cas de cet italien qui, avec quelques bières bues et une patience à cran, commence à parler plus fort. Il exprime son mécontentent avec des mots d'incompréhension de la situation à voix haute. L'ensemble de la cabine business est témoin de ses rodomontades.

Cette attente supplémentaire nous fait perdre une bonne demi heure et finalement nous pouvons reculer. Le vol s'effectue sans autre péripétie et nos clients profitent du vol, notre italien, lui goûte la cave qu'il apprécie.

À notre arrivée à Lomé, au moment du débarquement, j'entends une voix de stentor sortir de l'allée de droite:

-" Il est où ce connard, ce con de chauffeur de bus qui m'a fait chier toute la journée!!? Je vais lui apprendre à piloter à ce con!!?"

Ces mots adressés au commandant de bord sortent de la bouche de l'italien qui semble quelque peu défraîchi. Sa chemise en lin et son pantalon blanc sont maculés de tâches de vins rouges et bien qu'il soit debout, sa démarche est un peu chaotique. Au moment de passer devant la porte du cockpit où le Commandant se tient debout, pour dire au revoir aux Passagers, le Romain passe tel un Jules César devant Vercingétorix et le toise en maugréant un truc inaudible.

Une fois le débarquement effectué, je raconte à mon équipage la sortie incroyable de cet italien rond comme une queue de pelle. Ma jolie collègue avec qui il avait parlé nous raconte qu'elle n'en crois pas ses oreilles. Car bien avant qu'il ne devienne ce légionnaire aviné, il lui avait donné sa carte de visite, qu'elle nous montre. Son identité et fonction inscrites en relief, avec au centre en haut de la carte, un écusson composé de deux bandes verticales de couleurs jaune et blanche et au centre de la bande blanche, des clés croisées et une tiare papale!!?.

Notre "César" était en fait un prélat du Vatican venu visiter des hospices dont la Papauté avait pris la responsabilité. Les voies du Seigneur sont évidemment impénétrables sauf avec du houblon..... Nous avons tous rigolé en voyant la tête de notre hôtesse qui regardait encore la carte de visite qu'elle tenait "religieusement" entre ses mains.

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